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Page:L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, 1910.djvu/171

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L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO


PARALLÈLE ENTRE L’HOMME ET L’ANIMAL

L’homme s’estime assez généralement
Pour cette lumière qu’il a de la raison
Et moi justement pour cela, en vrai coïon,
À dire vrai, je ne l’estime pas du tout.

Je prise infiniment davantage les bêtes
Qui, si elles n’ont pas tant de connaissance,
N’ont pas non plus de si violentes passions,
Et vivent bien plus tranquillement que nous.

Pour une seule chose je ne voudrais
Être un animal, mais pour tant d’autres
Avantages qu’ils ont, je me troquerais ;

Cette chose, c’est que, tous tant qu’ils sont,
Hors de la saison jamais ne feraient l’amour,
Et qu’ils ne savent comment le mettre par devant.


L’HOMME GÂTE LES BIENS DE LA NATURE

Quelle grosse bête que l’homme ! il déforme
Tout ce que la Nature a fait de bien ;
Elle fait une chose simple et pure,
Et lui de ses mains, la transforme.

Il ne laisse pas même dormir les bêtes ;
Ses esclaves, il les châtie ou les défigure,
Et à force de grands labeurs et de culture
Il veut qu’un climat soit uniforme à l’autre.