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Page:L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, 1910.djvu/173

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L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO

« Tu as avec esprit critiqué ce Juif
« Qui pour sauver son honneur perdit son manteau.

« Quand pour libérer Béthulie en détresse,
« Au camp Assyrien, du corps-de-garde Hébreu,
« Pour faire bander l’oiseau à ce butor
« Se rendit Judith, en robe de fête,

« Dis-moi si, avant de dégainer l’épée,
« Elle pensa en fille avisée, ou en coïonne,
« De ne pas se laisser flanquer une saccade ?

« Pour mon compte, si j’avais été cette femme,
« Je faisais deux bonnes affaires d’un coup,
« Et par le saint Dieu ! je le recevais en moniche. »


LE PRÊCHE EXCITE À FOUTRE DAVANTAGE

Du haut des chaires on entend une grosse voix
Qui prêche que tous nous avons à mourir,
Que qui a commencé, doit finir,
Qu’il faut que meure même le Doge ;

Que les Papes, les Rois ont à porter leur croix,
Et qu’en poussière nous retournerons tous,
Que personne ne sait quand l’heure doit venir,
Que chacun doit penser à disposer ses richesses.

Ils prêchent la mort ces gros moines,
Pour qu’on ait à laisser là les femmes ;
Mais s’ils croient cela, ce sont des coïons.

Au contraire, puisque la mort doit arriver,