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Page:L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, 1910.djvu/188

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L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO


POUR UNE FAVEUR OBTENUE DE CUPIDON

J’ai tant prié Amour pour qu’il m’exonérât
D’écrire sur des matières rondes et grasses,
De parler de putains et de bardaches
Qu’il m’a fait la grâce que je désirais.

Je ne sens plus ce poids que j’avais,
Qui me retenait courbé sur les choses basses,
Et si les objets ne sont de première classe
Mon esprit maintenant ne se lève plus.

Comment jamais ai-je pu faire un si grand saut,
Tel qu’il me semble du doigt toucher le ciel ?
C’est la force d’Amour qui m’enlève si haut.

Il m’a découvert un monde bien plus beau,
Et à cet aspect, à ce bel assaut,
Je me suis mis à voler comme un oiseau.


TOUT N’EST QUE MISÈRES ; UNIQUE BIEN, LA MONICHE. I.

Avoir à aller au lit quand il se fait tard ;
Avoir à se vêtir, à se déshabiller ;
Penser, quand il fait jour, à son dîner ;
Payer ses gages à sa chambrière ;

Mettre tel habit au printemps,
Tel autre quand le soleil nous fait cuire,
Un troisième quand on commence à vendanger,
Un quatrième quand la neige est par terre ;