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Page:L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, 1910.djvu/199

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L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO


Si vous me voulez parler,
Sans me chercher autre part,
Venez me retrouver
Dans la boutique ;
Mais ne me dérangez pas,
Quand vous m’y voyez,
Si vous ne voulez que dans la sauce
Elle vous noie.

Si de devenir ses clients
Vous avez envie,
Suffit que vous lui apportiez
De la monnaie ;
Venez en toute liberté,
Et si vous voulez du salé,
De ses propres mains
Elle vous en taillera un morceau.

Elle sait faire certains ragoûts
Qui font tressaillir le cœur,
Et envers moi, par amour,
N’est pas ingrate.
Quand je veux lui donner du plaisir,
Je ne fais autre chose
Que de bien lui récurer
Sa casserole.

Quand je veux me restaurer,
Je n’ai qu’à demander,
Jamais ne peut me manquer
Son assentiment :
Elle me donne une grosse langue,
Tout à fait à mon goût,
Puis mon abbatiale
Longe de poitrine.