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Page:L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, 1910.djvu/200

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L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO


Grosse part de tripes
Elle me donne encore,
Qui vous ferait lécher
Tout le plat ;
Et quand je suis enfin las
De bâfrer ce morceau,
Pour exciter la soif
Je cours au jambon.

Une curieuse dispute,
La coquine, elle a eue
Avec un vieux sans dents
Des plus gloutons ;
Écoutez et riez :
Il s’en plaint parce que
Jamais elle n’a voulu
Tenir son boudin.

Elle vise au gros poisson
Et ne fait pas d’affaires
Avec ceux qui par la ville
Toujours braillent ;
Ni d’anguilles, ni de civelles,
Ni de goujons,
Ni de merlans elle ne veut,
Ni du fretin.

Je pourrais longtemps continuer,
Car à peine si je commence,
Et je ne vous ai dit mot
Du plus exquis.
Mais je veux y aller,
Je m’y sens attiré
Et par peine de cœur
Et par l’appétit.