Aller au contenu

Page:L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, 1910.djvu/215

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
203
L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO

Il paraît bien plus beau qu’il n’était,
Et semble plaire et réjouir plus ;

Ainsi le Querini, après si longue épreuve
De sa constance dans une Tour,
Semble aujourd’hui, d’un esprit tout nouveau,
Exprimer choses plus belles et plus neuves.

Mais comme qui est au port ne ressent plus
La grande peur qu’il a eue sur mer,
Voit ce qui a eu lieu et n’en dit rien,

Ainsi du passé il ne veut rien dire
Et envoie tranquillement ses amis,
S’ils lui en parlent, se faire foutre.


SUR L’EMPRISONNEMENT DE N. H. MARCELLO

Lorsque je pense à ce pauvre Marcello,
Qui est là, comme un chien, dans un cachot,
De frayeur je chie sous moi,
En me figurant que je sois lui.

On ne voit venir qu’un bargello
Qui, à peine jour, vous apporte votre manger cuit,
Et, à la fin de la journée, dans ce réduit
On ne voit revenir que ce même homme.

Là point de lumière, et jamais de feu,
Si longue et si large que soit la nuit,
Et les souris vous font tout autour vilaine danse.

On n’y entend que des trépignements et des coups ;