Page:L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, 1910.djvu/229

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
217
L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO


Sa nature veut qu’ainsi elle se soulage,
Et vouloir l’empêcher, c’est tout juste comme
Jeter de l’huile pour éteindre le feu.

Au bout de l’an, il faut qu’il y ait tel chiffre
De coups tirés, et à rien ne sert
Qu’ils l’aient été au café ou au cimetière.

Plût à la volonté du Ciel que les gens
N’eussent jamais fait d’autre mal que celui-là !
Tout le monde ferait l’amour plus tranquillement.

Et les rapports ne seraient pas si pénibles ;
S’il était philosophe, celui qui nous préside,
Les choses marcheraient de meilleure manière ;

Un philosophe ne croit point certaines fadaises,
Et à qui s’est fait défoncer la marmite
N’ajoute pas si facilement créance ;

Sa pensée il l’étend et l’élève,
Il ne l’arrête pas à des bagatelles,
Et ne fait pas de clameur pour une moniche ;

S’il est importuné par quelque bon apôtre,
Quand il ne s’agit pas de choses essentielles,
Il lui déchire sa plainte sous ses yeux.

Il ne veut pas de nouveautés périlleuses,
Sachant bien qu’en toutes les sociétés
Les nouveautés sont préjudiciables ;

Il laisse le monde tel qu’il l’a trouvé,
Et s’il fait quoi que ce soit, ce qu’il fait est bon,
Et ne réduit pas les hommes au désespoir.