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Page:L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, 1910.djvu/230

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L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO


Ceux qui ne peuvent souffrir qu’une femme
Aille au café ou dans la rue,
Disons qu’ils sont abstèmes en fait de moniche,

Ou que leur nature est tellement usée,
Que ce qu’il y a de bon, de meilleur sur terre,
Ils n’en donneraient pas une foutaise.

Ils voudraient qu’elles fussent toute la soirée
Chez elles, en ce temps que l’on est ainsi fait,
Qu’à la maison ne reste pas même la chambrière.

Comme toutes s’en vont chercher aventure,
Pour ce motif elles vaguent de ci, de là
Et s’y opposer, c’est contre nature.

On délire à propos de ces pauvres femmes ;
On voudrait qu’elles se tinssent dans un falot,
Et on ne réfléchit pas que parfois elles ont des désirs,
Et qu’elles ont envie du membre génital.


SONNET DE L’ABBÉ FRUGONI

Qui a bouleversé ce lit parjure,
Perfide, et emmêlé ces blonds cheveux ?
Qui, sur la poitrine d’ivoire, a imprimé
Ces marques, et sur ces insidieuses lèvres ?

Amour, toi qui sais toutes les choses cachées,
Admire son audace et de quel front assuré
Elle nie sa faute, qui n’est celle ni à toi, Dieu,
Ni à moi, qui devance tes vengeresses colères.