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Page:L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, 1910.djvu/231

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L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO


Écoute sa voix, à mentir adroite et prompte ;
Et pourtant de son forfait, languissants, abattus,
Témoignent ces yeux dont je fus transpercé.

Découvre l’indigne, Amour, regarde
Ces draps blancs où elle gît et son vêtement nocturne
Encore teints et souillés de son délit.

(TRADUCTION DE L’AUTEUR)

Qui est l’homme qui a bouleversé ce lit,
Bougresse, et qui t’a défrisé les cheveux ?
Qui est l’homme qui t’a sucé les bouts des seins
Et mordillé tes maudites lèvres ?

Amour, toi qui as vu, claire et nette
Encore bien qu’aveugle, toute l’affaire,
Observe de quel front de putain
Elle nie d’avoir cuisiné ce potage.

Écoute avec quel aplomb elle s’excuse,
Et cependant, sous ses yeux, ces plaques noires
Montrent bien ce qu’elle a fait, la vaurienne.

Découvre le lit, regarde cette fente,
Vois les draps, comme ils sont pleins de taches ;
Et je ne puis dire que tu l’as eu en moniche ?


AU SUSDIT ABBÉ FRUGONI

Ami, nous sommes deux, qui composons
En vers, pour faire plaisir à nos amis ;