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Page:L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, 1910.djvu/237

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L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO


Que quelqu’un se moque de moi
Ou d’avoir quelque querelle.
Comme un homme qui du rivage
Voit sur mer une bataille,

Et se réjouit à cette heure,
En pensant qu’il en est hors,
Ainsi, moi qui suis là tout seul,
Je suis content et me réjouis.

Pouvoir dire : Je suis hors,
Et ne demande rien de plus,
Quand ce serait cette Déesse
Qui, vous le savez me plaît tant.

Si je pouvais vivre avec elle,
Je retournerais déplier la voile,
Je retournerais risquer au vent
Mon pauvre vieux bâtiment.

En cet amour qui me tourmente.
Elle serait ma sirène ;
Si cette femme s’était trouvée là,
Quand Jupiter se changeait

Tantôt en aigle, tantôt en taureau,
En cygne ou bien en pluie d’or,
Il aurait laissé pour elle,
J’en suis certain, toute autre belle,

Tout comme je laisserais
N’importe laquelle pour Maria ;
Ô Maria, pleine de grâce,
Qu’on ne se rassasie pas de voir !