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Page:L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, 1910.djvu/238

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L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO


Que tu remues les bras et les pieds,
Tu es toujours la plus brillante,
Et ton air toujours si courtois
Fait les délices du pays.

Que tu chantes en compagnie,
Tu mets partout de l’allégresse ;
Avec ton chant et ton joli visage,
On se croirait en Paradis.

Si je parle sur ce ton,
C’est que je ne suis pas un coïon,
Et que je sais jusqu’au fin fonds
Ce qu’il y a au monde de bon.


SUR LA RETRAITE DE L’AUTEUR

Ce Baffo qui demeure place Saint-Maurizio,
Entre l’église et le fameux Cordelina,
Dans un Palais qui confine au ciel,
Magnifique édifice du Sansovino,

Il s’est retiré loin du vice,
Et séquestré là, dans un coin de la cuisine ;
Il ne veut plus d’osteria, plus de gourgandine,
L’argent lui manque, et aussi le Cazzo.

Ruffians et femmes de bonne composition
Viennent larmoyer sous son balcon,
Le croyant rentré dans la grâce de Dieu ;

Ils le prient et le conjurent à genoux,
Par les plaisirs qu’en la moniche il a goûtés,
De redevenir, comme auparavant, un bon bougre.