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Page:L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, 1910.djvu/245

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L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO


Tout impotent se met en tête
De critiquer tel ou tel ;
Mais il reste à voir si, de fait,
Cette critique est bonne.

Parce que si elle n’est pas juste,
Ni d’une Muse agréable,
Tous tant qu’ils sont les coups de verge
Tombent sur celui qui les donnait.

Vous me direz, j’en suis certain,
Que j’ai trop de prétention,
Mais à ce vilain grossier museau
Je parle ainsi pour me défendre.


APRÈS LE BIEN VIENT LE MAL

Socrate, au moment qu’on lui détachait
Les chaînes de ses pieds, avec un grand plaisir,
Aux endroits où on les lui avait trop serrées
De toutes ses deux mains se grattait.

En faisant cela, il tenait ce discours
À ses amis rangés autour du lit,
Et pleurant de voir un si grand homme,
Sans crime aucun condamné à mort :

À savoir que les Dieux, ne pouvant unir
Le bien au mal, firent qu’ils fussent voisins,
De telle sorte qu’après le bien il faille souffrir.

Telle est notre misérable condition,
Qu’après avoir déchargé il nous faut supporter
Une tristesse qui nous accable.