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Page:L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, 1910.djvu/257

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L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO

REPENTIR D’UN CROYANT AVEUGLE

Si je croyais, Seigneur, que vous pensiez
Que je me repens des coups que j’ai tirés
Et que vous m’en fissiez un grand méfait,
Vous verriez chez moi un grand repentir ;

Mais je ne crois pas que vous ayez ces idées-là,
Vous ne vous occupez point de vos créatures,
Et comme, de nature, vous êtes bienheureux,
Vous n’y pouvez songer, même en le voulant.

Donc comment pourrais-je réduire ma pensée
À s’arrêter à un vrai repentir,
Sachant que vous ne vous en souciez point ?

Bien plutôt aujourd’hui je me repens de cœur
D’avoir un jour aveuglément cru
Qu’on offensait un Dieu à le mettre en moniche.


L’AUTEUR N’ADMET PAS L’ÂME

Saint Augustin nous conte, ce grand docteur,
Que l’âme de quiconque raisonne et vit
Est ce qui rembourre le corps, en lui s’inscrit,
Et agit avec lui dans tout ce qu’il fait ;

Mais, qu’il m’excuse, il pense en vrai coïon,
Et les docteurs, par Dieu, n’écrivent rien de tel ;
Toute chose qui circonscrit la matière
De la matière doit avoir les dimensions.