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Page:L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, 1910.djvu/268

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L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO

L’AUTEUR PASSE LE TEMPS DANS SA GALERIE

Au milieu d’un chœur de femmes, toutes belles,
Je m’amuse hors de toute mesure ;
Je leur étudie à fond la nature,
Comme ceux qui observent les étoiles.

Quoique en peinture, j’ai plaisir à vivre près d’elles,
Parce que leur beauté dure toujours,
Que je ne crains pas de les voir devenir vieilles,
Pour autant que le temps fasse tourner les étoiles.

De cette façon je suis toujours en joie
Et comme ces femmes-là ne se paient point,
J’ai encore le plaisir d’économiser.

Ainsi je pense, et laisse aller le monde,
Et me dis qu’il est bon de vivre en compagnie
De femmes qui ne mangent ni ne chient.


L’AUTEUR S’ÉCLAIRE, MAIS TROP TARD

Soixante fois le soleil a parcouru
Tout le Zodiaque, depuis le jour où j’ai ouvert les yeux
Jeune homme, j’étais du nombre des bénêts,
Et en devenant vieux j’ai quelque peu gagné.

J’ai vu que le Diable n’était pas aussi laid
Que le dépeignent ces bélîtres,
Et ce que je me coïonnais, mais richement,
À croire qu’existaient Jupiter et Pluton.