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Page:L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, 1910.djvu/269

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L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO


Le mal, c’est qu’en même temps que chez moi
Allait en augmentant l’intelligence,
Mon cas allait toujours en décroissant,

À tel signe qu’aujourd’hui il ne vaut plus rien,
Et qu’en dedans de moi je m’en vais disant :
Mieux eût valu mourir coïon.


AVERTISSEMENT AUX FILLES SUR LA VIE CLAUSTRALE

La barque sans timon n’est pas sûre en mer,
De même que la vigne qui n’a pas de soutien,
La porte que d’un coup de pied on jette en dedans,
Parce qu’elle n’a ni cadenas ni serrure ;

Même chose à celles qui pour leur malheur,
Sont destinées à vivre dans un Couvent
Se peut approprier avec fondement,
Parce qu’elles sont dans la même situation.

Sans expérience, sans connaissance,
Sans y faire réflexion, de chasteté
Elle font vœu et profession.

Pauvres filles ! elles font pitié,
Car un jour ou l’autre elles s’apercevront
Qu’elles sont des barques sans timon,
Des vignes sans échalas,
Des portes que d’un coup de pied on jette par terre,
Puisqu’avec un doigt elles s’ouvrent et se ferment.