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L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO

Terminée l’opération,
A défilé la procession.

Se tenait là, pleurant une telle perte,
Le Syndicat des Ruffians ;
Ces pauvres frères
Marchaient devant, avec des bannières
Sur lesquelles étaient peints
Les miracles, les hauts faits,
Et représentées à profusion
Les prouesses de ce grand cas.
On voyait sur un drapeau
De grandes secouées d’oiseau,
Et tout auprès une femme nue
Qui recevait une saccade ;
Sur un autre une fillette
Qui se retroussait la cotte,
En présentant son Martin,
Se le faisait mettre en levrette ;
Sur le quatrième apparaissait
Qui, pour lui causer plus d’agrément,
Se le mettait tout entier dans le derrière.
Puis on voyait, tristes et solitaires
Venir d’autres corporations ;
Comme autant de grosses marmottes
Apparurent les mange-moniches,
Qui avaient perdu l’avantage
De manger aux dépens de ce cas ;
Tout en larmes et sanglotants
Apparurent les bons fouteurs,
Et dans la main leur cas mollet
Leur servait de cierge.

Portaient le mort quatre putains,
De celles de la rue de Carampana,