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Page:L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, 1910.djvu/39

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L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO


L’AUTEUR S’ÉTONNE DE CEUX QUI NE FOUTENT POINT

Je ne m’étonne pas de ceux qui amassent de l’argent,
Qui s’éreintent, se déhanchent à soulever des trésors,
Ni de ceux qui s’essoufflent pour les honneurs,
Ni de ceux qui par amour deviennent fous ;

Pas davantage de certaines gens relâchés
Qui mangent et boivent comme des traîtres,
Ni de ces désespérés de joueurs
Qui mettraient en un jour la maison à sac ;

Savez-vous de qui je m’étonne à toute heure,
De qui je me sens compassion ?
C’est de ceux qui en aucun temps jamais ne foutent.

À ces gens-là, lorsque j’y réfléchis,
Je vois qu’il n’est nulle autre récompense
Que de maintenir chez eux la tentation.


LA FÉLICITÉ

Ils auront beau dire ces grands philosophe,
Que la félicité gît en la vertu,
Qu’elle consiste à ne rien désirer de plus,
Quand bien même on aurait le cul tout rapiécé ;

Qu’il ne faut pas bouger si l’on vous heurte,
Que rien n’existe en dehors de nous,
Et que quand l’Univers croulerait le cul en l’air,
C’est le moment d’être des Diogènes et des Zénons.

Ce sont toutes opinions formulées au hasard,