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Page:L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, 1910.djvu/66

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L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO

Un aveugle dont le guide a décampé,
Un condamné forcé de rester en prison ;

Un valet congédié par son maître,
Un voyageur qui, dans une profonde crevasse
Est tombé, et a beau crier, peine inutile !
De lui n’a compassion personne ;

Un roi qui n’a plus de plaisir à régner,
Un pauvre hère qui a perdu quelque objet précieux,
Un malheureux, accusé quoique innocent ;

Un homme ayant un ennemi qui ne lui pardonne,
Un autre qui voudrait tout, et qui n’a rien,
Ainsi suis-je, quand je ne suis pas dans la Moniche.


PARALLÈLE ENTRE PLATON ET L’AUTEUR

De trois choses Platon continuellement
Remerciait le Seigneur : la première de toutes,
De l’avoir fait un homme, et non une brute,
Un Grec, et non un Barbare insolent ;

D’être né par heureuse fortune,
Au temps de ce Socrate à l’esprit si fin,
Qui l’avait si bien instruit dans les sciences,
Qu’ensuite il devint un si grand génie.

De trois choses aussi je remercie le Ciel,
Et lorsqu’en est privé quelqu’un,
Fût-il un roi, je ne voudrais être lui :

L’une est le don de la souveraine Poésie,