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Page:L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, 1910.djvu/71

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L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO

Là se voit le grand monde changé en bordel,
Et le luxe et la luxure faire carnaval.

Là sont hommes et femmes tous en tas ;
Tels sont debout, tels sont assis, tels se promènent,
Tel boit son café, tel hume son sorbet,
Tel voudrait mettre son nez à toutes les femmes.

Tel veut savoir qui est celle-ci, et tel celle-là,
Qui est son cavalier et qui est son amant ;
Tel s’inquiète si elle est niaise ou accorte.

Mais il manque quelque chose à ces délices,
Et le spectacle serait beaucoup plus beau,
S’il était possible de les enfiler toutes.


LES PLAISIRS DE VENISE

Canzone

C’est à Venise une gaîté,
Une vie si agréable,
Que je ne crois pas qu’il en soit
Une pareille en tout le monde.

Ce sont mille délicatesses,
Manières douces et tendres,
Et au grand nombre de ses beautés,
Elle semble la ville de Vénus,

Ce n’est plus comme autrefois
Cette grande rusticité :
Aujourd’hui toutes vous écoutent,
Aujourd’hui l’on va partout.