Aller au contenu

Page:L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, 1910.djvu/72

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
60
L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO


Ce n’est plus cette grande retraite
Où vivaient les femmes mariées ;
Aujourd’hui toutes se promènent,
Nuit et jour par la ville.

Elles s’en vont seules, avec l’ami,
Et aujourd’hui ne les suivent par derrière,
Comme faisaient au temps anciens,
Leurs bons coïons de maris.

On va aujourd’hui librement
Les trouver jusque dans leur lit,
Et le mari, ou n’en sait rien,
Ou s’il le sait, reste tranquille.

Toutes ont grande prétention
De porter de jolies parures,
Et en toilette, même à l’église,
Elles vont avec leur cavalier.

Autrefois dans les cafés
N’allaient pas les nobles dames ;
Y allaient seulement les chenapans
Avec leurs grandes bougresses.

Y vont aujourd’hui les bourgeoises,
Y vont les marchands et les dames ;
Et les pauvres gourgandines,
Toutes tant qu’elles sont, meurent de faim.

Pour aller le soir sur la Piazza,
Elles sortent de leurs maisons,
Et on trouve là femmes de tout genre,
Qui marchent en tortillant du cul.