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Page:L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, 1910.djvu/74

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L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO


Si la table et les amourettes
N’existaient pas, ni l’ambition,
Comme des pierres, les gros trésors
Resteraient là, dans un coin.

Le mal est que dans cette ville
Il n’y ait pas beaucoup de putains ;
Mais les femmes mariées
Les suppléent aujourd’hui, elles.

La putain de profession
Est une marchandise fripée,
Tandis que la femme des autres
Est une chasse réservée.

C’est bien autre plaisir que de le mettre
Où ne le mettent pas tant de gens,
S’épargner un écoulement
Et ne pas sortir ses écus ;

Avoir sans l’entretenir,
Une femme toujours près de soi,
Et aux enfants qui peuvent venir
Laisser penser le mari ;

Avoir des loges au casino,
Aller se promener avec elle,
Et satisfaire son caprice
Avec la bourse du mari !

Ce que je prise par-dessus tout,
Lorsqu’on en a assez et qu’on se détache,
On les plante là, tout bellement,
Et l’on s’attache à une autre.