POUR LA VENUE DU DUC D’YORK À VENISE
Édouard frère du roi d’Angleterre,
Vient à Venise avec un grand cortège,
Après avoir visité Rome, Parme et Reggio,
Gênes, Turin et autres beaux pays.
Les Vénitiens splendides et courtois,
Lui préparent un accueil royal,
Et d’une amitié vraie se font mérite
De donner les signes les plus vifs et éclatants.
Pour inventer des fêtes, des régates, des passe-temps,
Chacun est en mouvement et en joie ;
Seuls les amoureux sont pleins d’inquiétude :
Sachant qu’au Duc plaisent fort les femmes,
Ils pensent, avec raison, à leurs maîtresses
Mettre le cadenas sur la moniche.
RÉFLEXION CRITIQUE SUR LE PRÉCÉDENT SONNET
Dans ce sonnet, il y a fort à louer
La conduite, la phrase, le style,
Et les rimes et tout le reste, excepté
Ce qui est de vouloir cadenasser les belles.
Le meilleur cadenas, c’est l’honnêteté,
Précieux joyau de toute jolie femme,
Et si elle ne fait pas sentinelle,
Autant vaut les portes grandes ouvertes.
À quoi sert un tel expédient, réduit