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Page:L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, 1910.djvu/97

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L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO

Je ne voudrais pas mourir sur la promenade,
Je ne voudrais pas mourir à l’ostéria ;

Je ne voudrais pas mourir à la Malvoisie
Quand je me réconforte d’un bon dîner ;
Pas davantage quand je chie le cul en l’air,
Ni quand je dors au lit, chez moi ;

Je ne voudrais pas mourir quand je suis près du feu,
Je ne voudrais pas mourir sur le canapé,
Je ne voudrais pas mourir sur le sofa,

Je ne voudrais mourir nulle part ;
Mais puisqu’il me faut mourir, devinez :
Je voudrais mourir, quand je suis dans la moniche.


IL VOUDRAIT ÊTRE ENSEVELI DANS LA MONICHE

Si c’était en mon pouvoir, si de moi dépendait
Le choix de ma sépulture, quand je serai mort,
Ce qui me serait grande consolation,
Je ne voudrais pas qu’on m’enfouît sous la terre ;

Je ne voudrais pas qu’on me jetât dans un champ,
Ni dans une vallée, ni dans un bois, ni dans un jardin,
Ni dans un fleuve, ni dans la mer, ni même dans un port,
Ni qu’on m’enfermât dans une boîte ;

Je ne voudrais pas aller au Lido, comme les Juifs,
Ni sur une colline ni sur une montagne
Pas même sur celle de l’Hélicon ;

Pas davantage sur un clocher, ni sur un pont ;
Je ne voudrais ni statues, ni mausolées ;
Mais je voudrais me faire ensevelir dans la Moniche.