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Page:L’Algèbre d’Omar Alkhayyami.djvu/15

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m’avait également été prêté par messieurs les conservateurs de cette bibliothèque avec la bienveillance la plus obligeante.

On peut appliquer à Alkhayyâmi ce qu’un historien spirituel de l’algèbre a observé à propos de Diophante : que la fin de son nom prête déjà à discussion. Tantôt on trouve Alkhayyâmi, tantôt Alkhayyâm ; à ce point que sur le premier feuillet du manuscrit A, à côté du grand titre qui porte Alkhayyâmi, on lit plus bas (*[1]) : « Mémoire d’Omar Alkayyâm sur les démonstrations de l’algèbre. » Alkhayyâm signifie fabricant de tentes. Il n’est guère vraisemblable que le célèbre géomètre ait lui-même exercé cette profession ; mais probablement c’était celle de son père ou d’un de ses ancêtres, et en conséquence, des deux leçons, Alkhayyâmi semble être celle qu’il faut préférer.

On ne sait avec précision les dates, ni de la naissance, ni de la mort, d’Alkbayyàmi ; mais on connait suffisamment les circonstances de sa vie (**[2]). Il fut élevé en compagnie de deux jeunes gens qui dans la suite devinrent des personnages célèbres. Ce sont Nishâm Almoulq, vizir des sultans Seldjoukides Alp-Arslan et Maliq-Chah, et Haçan Ibn Sabbah, fondateur de l’ordre des Assa sins.

Les trois amis s’étaient promis que si l’un d’eux se voyait un jour dans une position brillante et élevée, il profiterait de sa prospérité pour y faire participer ses anciens camarades. Arrivé au pouvoir, Nizhàm Almoulq fut fidèle à sa promesse.

Il fit donner à Baçan la place de hadjib ou chambellan. Mais celui-ci, ingrat envers son bienfaiteur, chercha à le remplacer dans la faveur du sultan. C’est pourquoi Nizham Almoulq l’éloigna de la cour par des moyens que la perfidie de Haçan excuse peut-être. Plus tard, le vizir encourut dans un âge déjà avancé, la disgrâce du sultan ; et lorsque sa chute l’eut mis à la portée des poignards des fedaïs ismaéliens, Haçan assouvit sa vengeance (***[3]).

Alkbayyâml, au contraire, refusa presque les offres généreuses du puissant vizir. Il ne demandait qu’une aisance modeste qui lui permit de se livrer tranquillement à ses penchanls scientifiques et littéraires. On sait cependant qu’il prit une place distinguée parmi les astronomes de Maliq-

  1. * ) Ce manuscrit semble avoir fait partie d’un petit recueil de sept traités, dont l’algèbre d’Alkhayyâmi était le premier. On avait donc donné sur la page du titre de celui-ci un catalogue des titres de toutes les pièces qui composaient cette petite collection, comme d’ailleurs cela se fait aussi en cas pareil sur nos livres modernes. L’écriture de ces titres est pour la plupart tellement effacée qu’il est difficile de les déchiffrer.
  2. ** ) Voir la savante notice consacrée à Alkhayyâmi par M. Reinaud, dans les Prolégomènes de sa traduction de la géographie d’Aboulféda, page Cf. – Notice et Extraits, etc. tome iv, pag. 143 sqq.
  3. *** ) Voir le Mémoire de M. Defrémery sur l’histoire des Seldjoukides et des Ismaéliens Journal asiatique, 1848.