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Page:L’Algèbre d’Omar Alkhayyami.djvu/16

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Chah, et qu’il était un des principaux auteurs de la réforme du calendrier introduite en 1079 par ordre de ce prince (*[1]).

Alkhayyâmî lui-même nous apprend (p. 13 de la traduction) qu’il avait composé aussi un traité sur l’extraction des racines des ordres supérieurs ; — et le peu qu’il en dit suffit pour nous révéler ce même esprit généralisateur qui, comme nous allons bientôt le voir, l’avait conduit à une théorie systématique des équations cubiques (**[2]).

Alkhayyâmî était poëte (***[3]). Mais ses vers, écrits en persan, lui ont valu une réputation d’athée et de libertin. Rappelons-nous cependant que les mêmes accusations furent portées contre Descartes par un turbulent théologien, le recteur Voët, de l’université d’Utrecht. Ne nous empressons donc pas de souscrire à un jugement qui a peut-être sa source uniquement dans les haines religieuses que les poésies satiriques et spirituelles d’Alkhayyâmî devaient susciter contre lui.

Voici maintenant la traduction de la pièce inédite que j’ai donnée à la fin du texte du traité d’algèbre. Ce morceau est extrait du manuscrit n°481, supplément arabe, de la Bibliothèque nationale, qui contient un abrégé du · TArikh-AlhoqamA, terminé en 647 de l’hégire, et dont l’auteur s’appelait Alzoûzenî (****[4]).

« Omar Alkhayyam, imâm du Khorâçân, le grand savant du temps, était versé dans les sciences des Grecs. Il exhortait à chercher le Dieu unique, gouverneur du monde, par la purification des mouvements corporels, de manière à rendre l’âme humaine exempte de toute impureté. Il recommandait aussi une étude persévérante de la politique (*****[5]), fondée sur les bases de cette science établies par les philosophes grecs. Les-

  1. * ) Voir Abulfedæ Annales muslemici, éd. de Reyske et Adler, t III, pag. 236, fig. 18 sqq. (On lit en cet endroit « Ibrahim, » au lieu de « fils d’Ibrahim ; « c’est une erreur ; comparer la note de M. Reinaud, dans les Prolégomènes à la Géogr. d’Aboulf, loc. cit.) — Joh. Gravii Epochæ celebriores. Londini, 1650. Pag. 37 sqq. — Muhammedis fil. Ketiri, qui vulgo Alfraganus dicitur, Elementa astronomica, opera Jac. Golii. Amstelodami, 1669. Notæ, pag. 32 sqq. — Ismaelis Bullialdi Astronomia philolaica. Paris, 1645, in-fol. Tabulæ philolalcæ, pag. 210-232, et particulièrement pag. 214 et 223 ; comparer Delambre, Hist. de l’astr. au moyen âge, pag. 191-196. — Montucla, Hist. des math., éd. nouv., t. I, pag. 387 ; — Delambre, Hist. de l’astr. moderne, pag. 75-84.
  2. ** ) La bibliothèque de Leyde (voir n.. 1067 du catalogue de 1716) possède aussi un ouvrage d'AlkhayyAml sur l’explication des difficultés présentées par les définiLions placées en tête des livres des Éléments d’Euclide.
  3. *** ) Voir J. v. Hammer Geschichte der schoenen Redekuenste Persiens. Wien., 1818, pag. 80-82.
  4. **** ) Voir Wenrich, de auctorum Græcorum versionibus et commentariis Syrlacis, Arabicis, Armeniacis, Persicis commentatio. Lipsiæ, 1842, pag. iv-xii, et particulièrement pag. x ult. — Dans les citations que dans le cours de cet opuscule j’aurai à faire de cet abrégé, je le désignerai comme « le Ms. du Tàrikh Alboqamâ de la Bibliothèque nationale. »
  5. ***** ) Le terme arabe rappelle la dérivation du nom de cette science du mot πολιζ. Comparer les Prolégomènes à la géographie d’Aboulféda, par M. Reinaud, p. LXIX ; on y verra en même temps de quelle manière chez les Arabes la politique se rattachait aux sciences exactes.