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Page:L’Esclache - Les Véritables régles de l’ortografe francéze, 1668.pdf/10

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Les uns panſent qu’éle doit étre conforme à la parole ; & les autres âſûrent qu’éle doit marquer l’origine des mos que nous amploïons pour exprimer nos panſées.

Ceus qui ne ſavent pas la Langue Latine, & qui ont de l’eſprit, dizent que nous devons écrire comme nous parlons : mais quelques Savans ſoûtiénent que céte metôde, nous faizant perdre l’origine des paroles, nous ampécherét d’an conétre la propre ſignificaſion.

Il ſample que les premiers, qui n’ont pas âſés de force pour bien établir leur opinion, n’aient pas âſés d’autorité pour nous oblijer à la ſuivre. Comme les autres ne peuvent ſoûfrir que l’on face injure à la Langue Latine, ni à la Gréque, ils s’atachent à leurs ſantimans avec beaucoup d’opiniâtreté.

Ie ne veus pas condamner ces deus Langues ; puî qu’éles ont leur beauté, aûſi bien que leur üzaje : mais je puis dire (ſans m’élogner de la vérité) que ceus qui ont un atachemant particulier pour éles, ne ſont pas ordinairement les plus éclairés dans la Langue Francéze.