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Page:L’amour saphique à travers les âges et les êtres, 1906.djvu/271

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LE SAPHISME ET L’AMOUR NATUREL


une détestable épouse, du moins au point de vue des rapports sexuels.

Pour elle, le coït est un acte pénible, humiliant, atroce. Quelque bonne volonté qu’elle y mette, quelque empire qu’elle possède sur elle-même, elle ne parviendra qu’à le supporter et y souffrira toujours.

L’invertie ne prend jamais son parti du rôle qui lui est dévolu aux côtés d’un homme normal ; cela lui est impossible, car, à chaque instant, tout en elle est heurté, froissé, meurtri. Si, avec courage, elle se force à accepter ses devoirs, ses nerfs, son tempérament, en sont profondément affectés, et sa santé peut en être altérée.

Mme D…, présentant toutes les particularités de la femme mâle, s’était mariée, sans se douter naturellement de l’anomalité de son être physiologique et moral. Belle femme, intelligente, pleine de valeur intellectuelle, elle était fougueusement adorée de son mari, un homme sain, très normal et d’une vigoureuse virilité.

L’épreuve conjugale lui fut atroce. Et, loin de s’accoutumer au coït, la jeune femme en arriva à être hantée de l’idée des caresses conjugales ainsi que d’un cauchemar. À part cette question de relations physiques qui lui étaient odieuses, elle estimait son mari, elle avait pour lui une

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