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Page:L’amour saphique à travers les âges et les êtres, 1906.djvu/272

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L’AMOUR SAPHIQUE


sérieuse affection qui surmontait les rancunes inconscientes qu’elle lui gardait des tortures qu’il lui imposait.

D’ailleurs le mari ne se doutait point des répugnances de sa femme, qui s’efforçait de les lui cacher par bonté, par sentiment du devoir, car, se renseignant discrètement auprès d’amies, elle avait reconnu qu’en réalité elle ne pouvait rien reprocher à son époux, et que c’était elle dont le tempérament était anormal.

Au bout de deux ans de martyre, elle se décida à consulter secrètement un docteur. Celui-ci, spécialiste de maladies nerveuses, la trouva déjà atteinte de symptômes inquiétants, dus à la perpétuelle contrainte qu’elle s’imposait, à l’effort surhumain par lequel elle domptait ses révoltes et ses nausées.

L’ayant habilement et paternellement confessée, ce médecin acquit la certitude qu’il se trouvait devant un type accompli de l’invertie.

Le cas lui parut des plus graves. La jeune femme était à bout de forces : ou elle s’avouerait vaincue, révélerait à son mari ses impulsions, se refuserait désormais au coït, et ce serait la désunion, la ruine d’un ménage qui par ailleurs avait tout pour être florissant ; ou elle lutterait encore et succomberait promptement à la névrose qui la guettait. Déjà, elle avait de légères hallu-