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Page:L’amour saphique à travers les âges et les êtres, 1906.djvu/296

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L’AMOUR SAPHIQUE


la question, il est probable que comme tous les hommes, s’il lui fallait absolument être cocu, il préférerait encore que son rival fût une femme.

La raison de cette préférence est instinctive et naturelle.

L’homme normal a horreur et dégoût de la sexualité d’un autre homme ; il est jaloux de sa mentalité. Sa souffrance et sa rage de l’adultère proviennent du sentiment que l’on estime plus son rival que lui-même et ensuite du fait que, matériellement, la femme lui apparaît polluée, souillée par les caresses et le coït d’un étranger.

L’être a naturellement le dégoût d’un autre être ; l’amour fait passagèrement disparaître cette répulsion d’un sexe à un autre, mais il demeure entre gens de même sexe.

L’horreur de la femme adultère, c’est surtout l’horreur des traces de l’autre homme.

Au contraire, l’amante n’inspire pas de dégoût à un homme. La pensée que des lèvres saphiques ont parcouru le corps de sa femme peut amener une impression colère et jalouse dans l’esprit d’un mari, mais elle ne provoquera aucun sentiment de répugnance et de nausée.

De même son amour-propre sera moins froissé, parce qu’il se croit toujours supérieur à une femme et ne peut imaginer que sa femme lui préfère réellement son amante.