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Page:La Brochure mensuelle - Année 1923 - Numéros 1 à 12B.djvu/214

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le style est pauvre et relâché, où les idées sont rares et banales, où les connaissances sont inexactes, je n’aurai pas l’idée d’attribuer cette mauvaise page de français à un ciseleur de phrases, à un des maîtres de la littérature. Si je jette les yeux sur un dessin mal fait, où les lignes sont mal tracées, les règles de la perspective et de la proportion violées, il ne me viendra jamais à la pensée d’attribuer cette ébauche rudimentaire à un professeur, à un maître, à un artiste. Sans la moindre hésitation, je dirai : c’est l’œuvre d’un élève, d’un apprenti, d’une enfant ; et j’ai l’assurance de ne pas commettre d’erreur, tant il est vrai que l’œuvre porte la marque de l’ouvrier et que, par l’œuvre, on peut apprécier l’auteur de celle-ci. Or, la Nature est belle ; l’Univers est magnifique et j’admire passionnément, autant que qui que ce soit, les splendeurs, les magnificences dont il nous offre l’incessant spectacle. Pourtant, si enthousiaste que je sois aux beautés de la Nature et quelqu’hommage que je leur rende, je ne puis dire que l’Univers est une œuvre sans défaut, irréprochable, parfaite. Et personne n’oserait soutenir une telle opinion. L’Univers est donc une œuvre imparfaite. En conséquence je dis : Il y a toujours entre l’œuvre et l’auteur de celle-ci un rapport rigoureux, étroit, mathématique ; or, l’Univers est une œuvre imparfaite ; donc l’auteur de cette œuvre ne peut être qu’imparfait. Ce syllogisme aboutit à frapper d’imperfection le Dieu des croyants et, conséquemment, à le nier.

Je puis encore raisonner comme suit : Ou bien ce n’est pas Dieu qui est l’auteur de l’Univers (j’exprime ainsi ma conviction). Ou bien, si vous persistez à affirmer que c’est lui qui en est l’auteur, l’Univers étant une œuvre imparfaite, votre Dieu est lui-même imparfait. Syllogisme ou dilemme, la conclusion du raisonnement reste la même : Le parfait ne peut déterminer l’imparfait.

Quatrième argument : L’Être éternel, actif, nécessaire, ne peut, à aucun moment, avoir été inactif ou inutile

Si Dieu existe, il est éternel, actif et nécessaire. Éternel ? Il l’est par définition. C’est sa raison d’être. On ne peut le concevoir enfermé dans les limites du temps ; on ne peut l’imaginer commençant ou finissant ; il ne peut avoir ni apparition ni disparition. Il existe de tout temps.