Aller au contenu

Page:La Brochure mensuelle - Année 1923 - Numéros 1 à 12B.djvu/222

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

prolongement, l’aboutissant de la cause. Qui dit effet dit cause ; l’idée d’effet appelle nécessairement et immédiatement l’idée de cause. S’il en était autrement, l’effet sans cause serait un effet de rien ; ce qui serait absurde. Donc, sur cette première proposition, nous sommes d’accord. Deuxième proposition, mineure : Or, l’Univers est un effet. Ah ! ici, je demande à réfléchir et je sollicite des explications. Sur quoi s’appuie une affirmation aussi nette, aussi tranchante ? Quel est le phénomène ou l’ensemble de phénomènes, quelle est la constatation ou l’ensemble de constatations qui permet de se prononcer sur un ton aussi catégorique ?

Et d’abord, l’Univers, le connaissons-nous suffisamment ? L’avons-nous assez étudié, scruté, fouillé, compris pour qu’il nous soit permis d’être aussi affirmatifs ? En avons-nous pénétré les entrailles ? En avons-nous exploré les espaces incommensurables ? Sommes-nous descendus dans les profondeurs des océans ? Avons-nous escaladé toutes les altitudes ? Connaissons-nous toutes choses appartenant au domaine de l’Univers ? Celui-ci nous a-t-il livré tous ses secrets ? Avons-nous arraché tous les voiles, pénétré tous les mystères, découvert toutes les énigmes ? Avons-nous tout vu, tout entendu, tout palpé, tout senti, tout observé, tout noté ? N’avons-nous plus rien à apprendre ? Ne nous reste-t-il rien à découvrir ? Bref, sommes-nous en état de porter sur l’Univers une appréciation formelle, un jugement définitif, un arrêt indubitable ? Nul ne pourrait répondre par l’affirmative à toutes ces questions et il serait profondément à plaindre le téméraire, on peut dire l’insensé, qui oserait prétendre qu’il connaît l’Univers. L’Univers ! c’est-à-dire, non pas seulement cette infime planète que nous habitons et sur laquelle se traînent nos misérables carcasses, non seulement ces millions d’astres et de planètes que nous connaissons, qui font partie de notre système solaire, ou que nous découvrons dans la lenteur du temps ; mais encore ces Mondes et ces Mondes dont nous connaissons ou conjecturons l’existence et dont le nombre, la distance et l’étendue restent incalculables ! Si je disais : L’Univers est une cause, j’ai la certitude que je déchaînerais spontanément les huées et les protestations des croyants ; et, cependant, mon affirmation ne serait pas plus folle que la leur. Ma témérité serait égale à la leur ; voilà tout.