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Page:La Chanson de la croisade contre les Albigeois, 1875, tome 2.djvu/199

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croisade contre les albigeois.

P. Rogier, que Dieu maudisse ! car je crois que si on lui eût donné tout l’or de Mâcon il n’en aurait pas été si joyeux qu’il le fut de la nouvelle qu’on lui a contée de la grande victoire [1250] remportée par Guillaume de Contre. Dieu ! et comme la lui conte bien un gentil damoisel que Guillaume de Contre y envoya en hâte pour conduire les pierrières et les engins qui étaient avec[1] ! Et sans mentir il le fit très-bien, [1255] jusqu’au siége de Termes où il y avait force barons, force riches draps de soie et force riches pavillons, force jupons de soie, force riches ciclatons, force hauberts maillés, force bons gonfanons, et force lances de frêne, enseignes et penons, [1260] et force bons chevaliers, et force bons damoiseaux Allemands et Bavarois et Saxons et Frisons, Manceaux et Angevins et Normands et Bretons, Longobards et Lombards[2], Pro-

  1. Ces détails, qui semblent indiquer un témoin oculaire, manquent dans P. de V.-C. qui nous apprend que l’escorte des machines de siége était formée par les Bretons nouvellement arrivés (voy. p. 62, note).
  2. Longobart e Lombart, deux formes d’un même mot, qui, isolément, ont pu être employées sans distinction pour désigner soit les Italiens, en général (voy. p. 56, note 3), soit les habitants de la Lombardie. Mais, opposées comme ici, elles ont assurément chacune son sens propre. Fauriel traduit : « Longobards et Italiens », prenant « Longobard » en son sens primitif : « Ce nom, » dit-il au glossaire, au mot Logombart, « désigne ici les envahisseurs germaniques de l’Italie généralement connus sous ce nom, et non vaguement les Italiens auxquels on avait approprié la dénomination de Lombards. » Cette interprétation n’est pas soutenable, puisqu’au xiiie siècle les anciens Longobards étaient, depuis longtemps, devenus romans. Dans ses notes sur Orderic Vital (III, 482), M. Le Prevost émet, sans la justifier, une opinion très-différente, à savoir que par Lombards Orderic entend « les habitants de l’Italie septentrionale, et par Longobards ceux de l’Italie méridionale