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Page:La Chanson de la croisade contre les Albigeois, 1875, tome 2.djvu/435

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croisade contre les albigeois.

Et l’un dit à l’autre : « Maintenant nous avons [pour nous] Jésus-Christ ; [5870] c’est l’étoile du matin qui brille sur nous ; c’est notre seigneur qui était perdu. Désormais Prix et Parage, qui étaient morts, sont vivants, relevés et guéris, et tout notre lignage est à jamais puissant. » [5875] Ils se sentent le cœur si vaillant et si fort qu’ils prennent bâtons ou pierres, lance ou dard poli, et vont par les rues, avec couteaux fourbis, et tranchent et taillent, et font un massacre des Français qu’ils atteignent dans la ville ; et poussent leur cri : « Toulouse ! voici le jour arrivé que sera chassé le seigneur postiche, et toute son engeance et sa mauvaise souche ; car Dieu protége droiture : et le comte qui était trahi est devenu si fort, qu’avec petite compagnie [5885] il a recouvré Toulouse ! »

CLXXXIII.

Le comte a reçu Toulouse dont il avait grand désir, mais il n’y a plus tour ni salle ni parapet ni étage ni haut mur ni bretèche ni créneau ni portail ni clôture ni guette ni portier [5890] ni haubert ni armes ni armure entière. Néanmoins ils le reçurent avec telle allégresse que chacun en son cœur pense avoir Olivier[1]. Et ils s’écrient : « Toulouse ! désormais nous serons vainqueurs, puisque Dieu nous a rendu notre seigneur droiturier. [5895] Et encore que les armes et l’argent nous manquent, nous saurons pourtant recou-

  1. C.-à-d. se croit aussi vaillant qu’Ollivier, le célèbre compagnon de Rolant.