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Page:La Chanson de la croisade contre les Albigeois, 1875, tome 2.djvu/554

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croisade contre les albigeois.

hommes de la ville firent de nombreux prisonniers. Mais ceux de Toulouse perdirent tel qui leur fit bien faute : Aimeriguet[1] le jeune, courtois et agréable, [8490] ce qui fut un grand dommage et une perte bien sensible à tous ceux de la ville.

CCVI.

Pour tous ceux de la ville la mort de Simon fut une bonne fortune qui mit la lumière à la place de l’obscurité, qui fit briller la clarté d’un plus vif éclat, [8495] qui releva Parage et mit orgueil en terre. Les trompes, les clairons, les cors, les carillons, la joie de la pierre qui avait frappé le comte, raniment les forces, les courages et l’ardeur : chacun sort en armes [8500] et on va incendier la chatte, sans que personne vînt éteindre le feu. Toute la nuit et le jour la ville fut dans l’allégresse, tandis qu’au dehors les assiégeants soupiraient et frémissaient. Quand le jour brilla, le cardinal de Rome et les autres puissants barons, [8505] l’évêque et l’abbé qui porte le crucifix délibérèrent ensemble sur l’antique pavement[2]. Le cardinal parle de façon à être entendu de tous : « Seigneurs barons de France, écoutez mes paroles : grand est le mal et le dommage, grande est la douleur et la détresse [8510] que nous ont causés cette ville et nos ennemis. Par suite de la mort du comte nous sommes en telle détresse que nous en perdons la force, et le grain et la

  1. Aimeriguet c’est le fils d’Aimeric, nom fréquent à Toulouse ; voy. p. 273 n. 1.
  2. Probablement une vieille salle du Château Narbonnais.