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Page:La Fouchardière–Celval — Le Bouif Errant.djvu/106

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Le Bouif errant

le cœur de tes compatriotes et que je suis attendu avec une grande impatience par tous mes sujets du Raincy.

— De Carinthie, rectifia Ladislas.

— Tu connais ?

— C’est mon pays natal, dans les Karpathes.

— Ça doit être loin, fit Bicard. Si c’était dans les environs, j’aurais aimé voir le patelin.

— Pourquoi pas ? s’écria tout à coup Ladislas. Tu as raison, Bicard. Pourquoi n’irais-tu point en Carinthie ?

Brusquement il s’était levé et avait sauté hors de sa baignoire. La joie d’un gamin de Paris en train de méditer une excellente farce se lisait déjà dans ses yeux.

Rapidement, il chercha dans sa garde-robe et y choisit un luxueux veston de fumoir, tout en soie, avec des parements à ramages.

— Ôte ce pyjama ridicule, fit-il en désignant le vêtement de nuit, dont le Bouif s’était affublé à la clinique de Cagliari, et endosse tout de suite ce smoking.

— Pourquoi ?

— Un roi de Carinthie ne peut s’habiller comme le commun des mortels.

— Quel roi ?

— Toi !…

— Moi ! hurla Bicard en s’écroulant à la renverse dans la baignoire de Ça-Va, est-ce que tu charries, Ladislas ?

— Je parle très sérieusement, Alfred. Du moment que cette brute de diplomate a formellement reconnu en toi le prince héritier de la Couronne,