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Page:La Fouchardière–Celval — Le Bouif Errant.djvu/151

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Le Bouif errant

gardaient avec cet air pâmé des bigotes qui contemplent le prêtre à l’autel.

Mais celle que désignait le sceptre royal poussa tout à coup un cri éperdu et vint tomber aux pieds de Bicard, dans une pose d’extase infinie.

Toutes ses compagnes la détaillaient d’un œil jaloux.

— Pourquoi cette rombière me regarde-t-elle ainsi, avec une tête de cinéma ? demanda le Roi.

— Sire, murmura Bossouzof, Votre Majesté lui a fait le signe réservé à la favorite.

— Avec quoi ? hurla Bicard.

— Ne l’avez-vous point désignée avec le sceptre royal ?

— Sans blague ! protesta le Bouif, si j’avais envie de faire la nouba, je ne choisirais point une vieille fée. Je ne pouvais pas non plus supposer que ce gratte-dos était un objet morganatique pour faire de l’œil aux rombières. Dites à Madame que je me suis gourré. Offrez-lui l’expression de ma considération distinguée, avec une indemnité proportionnelle à l’ancienneté de son sexe, un bureau de tabacs, ou un chalet de nécessité sur les boulevards, mais faites-lui comprendre qu’il y a erreur.

Il fallut toute la diplomatie de Sava pour parvenir à détromper la dame d’honneur.

Et, chose qui prouve combien la solidarité féminine est grande, ses compagnes s’associèrent à son dépit et parurent, toutes, fort courroucées contre le Roi.

Mais personne ne remarqua cet incident. L’attention générale des assistants était occupée ailleurs.

Une nouvelle délégation s’avançait.