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Page:La Fouchardière–Celval — Le Bouif Errant.djvu/202

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Le Bouif errant

Mitzi avait entamé une Marche héroïque moldo-valaque.

Elle dansait, scandant les mesures par des coups de talons et secouait un tambourin imaginaire. Elle frisait une moustache absente, se cambrait avec des attitudes de sabreur, et chantait en excitant les soldats à l’accompagner.

Il chevauche l’Istriztza
Le capitaine Georgitza…

Puis elle changea de ton brusquement et passa, sans transition, à la ronde tzigane :

Giroflée, dans le pré,
Tu m’as donné ta foi…
Ô petite pomme mignonne…

Elle mimait les paroles de la chanson, souriait, aguichait, tournant sur elle-même et laissant entrevoir par des envolées de jupe imprévues des aperçus captivants.

Les Skipetars roulaient les yeux extasiés. Ils avaient oublié leur consigne et leurs prisonniers. Ils demeuraient médusés et ouvraient des bouches rondes de gendarmes, regardant un feu d’artifice.

Sava profita de cette anesthésie pour lier les éperons des cavaliers les uns aux autres avec sa corde.

— C’est fait ! confia-t-il à Bicard.

— À mon tour ! hurla le Bouif en saisissant la guitare de Mitzi. Messieurs et dames et militaires,