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Page:La Fouchardière–Celval — Le Bouif Errant.djvu/206

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Le Bouif errant

battit sur eux. Les rafales courbèrent la cime des arbres. Des éclairs les aveuglèrent. Bicard poussa une exclamation. Il venait de heurter du front les planches d’une palissade qui barrait une partie de la forêt. Mitzi s’orienta vite.

— Le Parc d’Aérostation militaire.

— Une saucisse, cria le Bouif.

C’était un ballon captif. Le seul ballon de l’armée carinthienne. On l’employait à la surveillance de la frontière, très proche. Il s’était élevé pour rechercher les fugitifs. L’orage l’avait surpris. Toute l’équipe des aérostiers s’efforçait de le remiser dans son hangar. On le voyait, sur le fond du ciel orageux, descendre, peu à peu, suivant le câble, qui s’enroulait autour de son treuil.

D’un coup d’œil, le prince Ladislas envisagea la situation.

— Il faut nous emparer de ce ballon.

— C’est une idée, dit Bicard… Seulement il y la palissade.

Sava souleva Mitzi comme une plume et la hissa jusqu’au faîte de la clôture. La souple jeune fille s’enleva, à la force des poignets, et sauta à terre de l’autre côté du mur.

— À ton tour, Alfred !… Hop ! du nerf, mon vieux. Qu’est-ce que tu attends pour nous suivre ?

— Une échelle. Ma sacoche me gêne et j’ai peur de perdre mes millions. Je ne suis pas entraîné à faire le zouave comme les jeunes personnes du grand monde.

Le jeune homme avait déjà franchi la crête de la palissade. Il se pencha, attrapa l’ex-Roi de Ca-