Aller au contenu

Page:La Fouchardière–Celval — Le Bouif Errant.djvu/260

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
256
Le Bouif errant

— Bonne chance ! cria Ladislas.

— Au revoir ! au revoir ! fit Mitzi, en adressant à Bicard un sourire et un baiser.

Le train s’éloigna rapidement.

Bicard, figé sur le quai, le regarda disparaître. Il avait pris en affection les deux jeunes souverains. Les reverrait-il jamais ? Le souvenir de Mitzi lui causait une réelle souffrance. Qu’allait devenir la petite Princesse qui ressemblait tellement à la petite amie envolée ? Bicard avait vécu auprès d’elle des heures très douces. Il avait également un grand attachement pour Sava. À présent, il était tout seul.

Une minute de découragement lui fit envisager l’Avenir avec lassitude. Ses tribulations n’étaient pas terminées. Machinalement, il retourna les doublures de ses poches. Il y trouva une pièce de vingt-cinq centimes. Cinq sous.

Il avait eu cinq millions. Il se retrouvait avec Cinq Sous. C’étaient toujours les éternels cinq sous du Bouif errant. Le Viatique de la légende. Cette fortune ne le grisa point. Le Bouif était devenu philosophe.

— On verra bien, fit-il.

Il quitta la gare de l’Est. Il suivait les passants au hasard comme une épave suit un courant. Il arriva, par les boulevards extérieurs, jusqu’au coin de la rue Lepic.

L’aspect de ce quartier de Paris renouvela tout son chagrin. Il se revit, un mois auparavant, portant les fleurs à Kiki. Malgré lui, il s’engagea dans la rue jusque devant la maison de la transfuge.

Et tout à coup, il y eut deux cris :