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Page:La Fouchardière–Celval — Le Bouif Errant.djvu/84

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Le Bouif errant

— Ça se voit de suite ! ricana le chasseur. Tout de même, prenez garde à votre chapeau et aux ailes de votre pardessus. Si vous vous gonflez de cette façon, vous n’entrerez pas dans la salle.

Un combat se livrait, en effet, entre Bicard et la porte pivotante du bar de nuit.

Car, préoccupé par le coloris trop violent des manches de son pyjama, que son macfarlane révélait dès qu’il esquissait le moindre geste, Bicard s’était efforcé de pousser la porte avec un de ses pieds. Il n’avait réussi qu’à trébucher, tandis que le battant le repoussait et envoyait le gibus de Cagliari rouler sur le trottoir de la rue.

— Ôtez votre soutane, conseilla doucement le chasseur. Elle est trop large et cela vous gêne.

— Il fait très chaud dans la salle, fit le portier.

Le Bouif n’entendit pas ces plaisanteries. Il s’était rué sur la porte. Mais, ayant mal calculé son élan, il embarrassa les pans de son large vêtement entre les battants et la cloison cylindrique de verre et coinça tout l’appareil, en faisant frein.

Pendant deux ou trois minutes, les soupeurs eurent la réjouissante vision d’un écureuil humain se débattant dans sa cage. Il fallut les efforts associés du porter et du chasseur pour remettre l’appareil tournant en état.

Projeté dans la salle par les deux larbins, Bicard fit une entrée un peu rapide.

Mais l’aspect des jolies filles du Bahr-el-Gazal avait instantanément effacé de la mémoire du Bouif les aventures de la nuit. Les éclats de rire de ces dames ne lui causaient aucune gêne. Cet homme