Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/100

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lui envoyer des présens ; mais qu’au retour de la flotte en Portugal, apprenant que Calicut était gouverné par un grand roi, il ne manquerait pas de lui envoyer par d’autres vaisseaux l’or et l’argent qu’on devait lui présenter. Enfin il demanda qu’il lui fût permis d’offrir ses présens tels qu’ils étaient, ou de les renvoyer à son vaisseau. Le catoual l’assura qu’il était libre de renvoyer ses présens ; mais qu’il ne l’était pas de les offrir au samorin. L’amiral, irrité, protesta qu’il s’en expliquerait avec ce prince. Ses deux guides parurent approuver son dessein, et le quittèrent en le priant d’attendre leur retour, parce qu’il ne convenait pas qu’il parut sans eux devant le samorin. Le jour se passa sans qu’on les vît paraître. Le ministre était déjà gagné par une faction très-puissante qui méditait la ruine des Portugais. Les Maures d’Afrique et de la Mecque, qui commerçaient avec les Indes par l’Égypte et par la mer Rouge, avaient appris des facteurs qu’ils avaient à Mozambique, à Monbassa, à Mélinde, qu’une nation riche et puissante parcourait ces mers pour s’ouvrir une route à Calicut et aux autres contrées de l’Inde.

    qu’elle est dans les historiens ; mais au fond, elle paraît un peu étrange. Gama pouvait, sans inconvénient, dire que son maître était le plus grand roi de l’Occident . On connaît le proverbe : A beau mentir qui vient de loin. Mais comment pouvait-il dire que son maître ne connaissait pas le samorin ? Quoi ! il ne le connaissait pas assez pour lui envoyer des présens, lorsqu’il lui écrit pour lui demander son alliance ? Le ministre indien ne devait pas être plus content des raisons de Gama que de ses présens.