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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/103

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peut-être il ne trouverait pas aisément dans l’obscurité. Gama s’obstinant à vouloir partir, et demandant une barque, le catoual feignit de céder à son empressement, mais donna des ordres secrets pour faire éloigner toutes les barques. L’amiral fut obligé de passer la nuit à Padérane. Le lendemain, le catoual lui proposa de faire approcher ses vaisseaux ; Gama refusa nettement de donner cet ordre. Alors le ministre lui déclara que, s’il ne le donnait pas, il n’aurait pas la liberté de rejoindre sa flotte ; et comme l’amiral menaçait d’en porter des plaintes au roi, on ferma les portes de sa maison, et l’on mit autour une garde de naïres l’épée nue. Gama ne dut peut-être la vie qu’au nom du samorin, qu’il répétait souvent, et qui retenait ces perfides dans le respect. Le catoual espérait par cette violence forcer Gama de faire approcher sa flotte. Les Maures se proposaient de la détruire et d’exterminer tous les Portugais, de manière qu’il n’en restât pas un pour aller dire en Portugal où était situé Calicut. Le catoual, de moment en moment, redoublait les menaces et les instances. C’est au milieu de ces agitations que Gama eut assez d’adresse et de présence d’esprit pour envoyer un Portugais avertir Coëllo, l’un des principaux officiers de la flotte, qu’il se gardât bien de faire approcher les chaloupes du rivage. Il était temps que cet ordre arrivât ; elles approchaient, et le catoual, qui en était informé, avait dépêché plusieurs barques armées pour