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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/104

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les saisir. La nuit suivante tous les Portugais furent renfermés, et leur garde fut doublée. Il leur vint à l’esprit que peut-être le catoual ne les traitait si mal que pour leur arracher un présent. Gama le fit assurer que son dessein était de lui offrir quelques raretés de l’Europe. Cette proposition parut le rendre plus traitable. Il répondit que, si l’amiral ne voulait pas faire approcher ses vaisseaux, il pouvait au moins envoyer ses ordres pour qu’on débarquât ses marchandises, comme il l’avait promis au roi, et que, dès que ses marchandises seraient à terre, il aurait la liberté de retourner sur sa flotte. Gama y consentit à condition qu’on fournirait des barques pour le transport : elles partirent avec une lettre de Gama pour son frère et deux de ses gens. Il lui ordonnait d’envoyer une partie de sa cargaison au rivage, ajoutant que, si le catoual, après avoir obtenu cette satisfaction, le retenait encore à Padérane, il fallait croire que c’était par ordre du samorin, et pour donner le temps d’armer quelques vaisseaux et d’attaquer la flotte ; qu’en conséquence il fallait mettre à la voile sur-le-champ, et revenir avec des forces capables de faire respecter le nom portugais dans l’Inde. Paul de Gama ne balança point à livrer les marchandises ; mais il répondit à son frère qu’il ne partirait point sans lui, et qu’il se sentait assez fort, avec son artillerie, pour faire trembler Calicut et en imposer à son perfide monarque.