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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/124

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cette contrée, de la mauvaise réception qu’il avait faite à Cabral, et de le rendre tributaire des Portugais. Ibrahim, pressé par la crainte d’une puissance supérieure, se rendit à bord du vaisseau amiral. Là on lui déclara qu’il allait perdre sa liberté, s’il ne s’engageait à payer tous les ans deux mille méticaux[1] d’or. Le roi captif le promit et donna pour otage un riche Maure. Dès qu’il fut rentré dans sa capitale, il refusa de payer, persuadé que le Maure paierait, plutôt que de rester prisonnier, ce qui arriva en effet. Étienne de Gama joignit la flotte avec la troisième escadre, et Vasco partit pour Mélinde à la tête de toutes ses forces. Il se saisit sur la route de plusieurs vaisseaux maures. Mais une prise plus considérable l’attendait sur la côte de l’Inde près du mont Déli, au nord de Cananor. Il rencontra un gros bâtiment, nommé le Méri, qui appartenait au soudan d’Égypte, chargé de marchandises précieuses et d’un grand nombre de Maures de la première distinction qui allaient en pèlerinage à la Mecque. Il s’en rendit maître après une vigoureuse résistance, et s’empara des trésors destinés au tombeau du prophète. Le reste du butin fut abandonné aux matelots. Ensuite Étienne de Gama fit mettre le feu au bâtiment ; et, par une résolution désespérée, les Maures, au nombre de trois cents, aimèrent mieux s’y laisser brûler, en continuant de se défendre contre le fer et la flam-

  1. Deux mille ducats.