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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/127

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Jamais, depuis que le monde s’était vu soulagé du poids de la puissance romaine, on n’avait affecté avec les souverains cette hauteur impérieuse. Le sable de Gama rappelait le cercle tracé par la baguette de Popilius. Mais combien les destinées des empires tiennent au progrès des connaissances humaines ! Il fallait absolument que le Napolitain Gioya d’Amalfi découvrît une propriété encore inexplicable de l’aiguille aimantée, et que l’Allemand Schwarz trouvât le secret de la poudre inflammable pour que des marchands d’un petit royaume d’Occident, traversant des mers immenses, vinssent braver sur les rivages de l’Inde un des plus puissans monarques de ces contrées, qui avaient échappé à l’ambition d’Alexandre et à la tyrannie de Rome.

Le samorin eut la dangereuse fermeté de ne faire aucune réponse. Le terme expira. Vasco fit tirer un coup de canon. C’était le signal annoncé pour tous ses capitaines, et les cinquante Malabares qu’on avait distribués sur chaque bord furent pendus au même moment, représailles sanglantes de cinquante Portugais tués dans le comptoir. On leur coupa les pieds et les mains, qui furent envoyés au rivage, dans un pare gardé par deux chaloupes, avec une lettre écrite en arabe pour le samorin. L’amiral lui déclarait que c’était de cette manière qu’il avait résolu de le récompenser de toutes ses trahisons et