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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/199

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cent quarante hommes, il ne s’en sauva que quatorze, entre lesquels était le fils du pilote hollandais.

Cette effroyable tourmente menaça toutes les îles Açores de leur ruine. Elle avait commencé par un tremblement de terre, dont les secousses ébranlèrent quatre fois Tercère et Fayal avec tant de violence, qu’elles paraissaient emportées par un tourbillon. Ce tremblement se fit sentir à Saint-Michel pendant quinze jours. Les insulaires, ayant abandonné leurs maisons qui tombaient à leurs yeux, passèrent tout ce temps exposés aux injures de l’air. Une ville entière, nommée Villa-Franca, fut renversée jusqu’aux fondemens, et la plupart de ses habitans furent écrasés sous ses ruines. Dans plusieurs endroits, les plaines s’élevèrent en collines, et dans d’autres, quelques montagnes s’aplanirent ou changèrent de situation. Il sortit de la terre une source d’eau vive qui coula pendant quatre jours, et qui parut ensuite sécher tout d’un coup. L’air et la mer, également agités, retentissaient d’un bruit continuel qu’on aurait pris pour le mugissement d’une infinité de bêtes féroces. Plusieurs personnes moururent d’effroi ; il n’y eut point de vaisseau dans les ports même qui ne souffrît des atteintes dangereuses, et ceux qui étaient à l’ancre ou à la voile, à vingt lieues aux environs des îles, furent encore plus maltraités ; il en périt deux à Saint-Georges, trois à Pico, trois à Graciosa ; les flots apportèrent