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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/236

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seul vol deux cent cinquante lieues d’Espagne : aussi fut-il pris à demi mort, avec les armes du duc de Lerme au cou. Depuis le moment de son départ d’Espagne jusqu’à celui de sa prise, il ne s’était passé que seize heures.

Le fameux pic de Ténériffe est une des plus hautes montagnes de l’univers. Linschoten assure qu’on le voit en mer de soixante milles ; qu’on ne peut y monter qu’aux mois de juillet et d’août, parce que le reste de l’année il est couvert de neige, quoiqu’il n’en paraisse point dans tous les lieux voisins ; qu’on emploie trois jours à gagner le sommet, d’où l’on découvre aussitôt toutes les autres îles, et qu’il en sort beaucoup de soufre qui est transporté en Espagne. Beckman dit que cette merveilleuse montagne est située au centre de l’île, et qu’elle s’élève comme un pain de sucre ; mais qu’il ne put en voir le sommet, parce qu’il était caché dans les nues. Atkins l’appelle un amas pyramidal de rocs bruts, qui ont été comme incrustés ensemble par quelque embrasement souterrain qui dure encore.

On ne trouve pas moins de différence entre les auteurs sur la véritable hauteur de ce pic que sur la distance d’où l’on peut l’apercevoir en mer. Cependant, par une observation sur le baromètre, on a reconnu que le vif-argent s’abaissa de onze pouces au sommet de la montagne, c’est-à-dire, de vingt-neuf à dix-huit ; ce qui répond, suivant les tables du docteur Hailey, à deux milles et un quart. Ce calcul