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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/24

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lie, qui eut du succès. Il avait traduit par abrégé la Pharsale de Lucain ; il traduisit aussi une partie de la Jérusalem délivrée et de la Lusiade du Camoens ; ne sachant pas le portugais, il avait versifié sa traduction sur une traduction française en prose. Quand il eut publié son Suétone, on lui reprocha aussi de ne pas bien comprendre le latin, malgré les prix qu’il avait obtenus au collége.

Quoique académicien, il avait concouru pour le prix proposé par l’académie française au sujet du meilleur dithyrambe aux mânes de Voltaire, et comme le prix fut décerné à son poëme, il en abandonna la valeur à celui qui avait obtenu l’accessit. Il fit aussi de Voltaire un éloge en prose : le public avait été choqué d’entendre Laharpe traiter avec rigueur la tragédie de Zulime ; la méchanceté prétendait qu’il était irrité d’avoir été oublié dans le testament de Voltaire. Lorsqu’ensuite il fit en prose et en vers l’éloge du grand écrivain que la littérature venait de perdre, la méchanceté supposa encore un motif intéressé à l’auteur, en prétendant qu’il voulait préparer le public à son commentaire sur le théâtre du grand poëte. On fut pourtant obligé de convenir que parmi la foule d’écrivains qui avaient célébré Voltaire, aucun n’avait mieux fait sentir les beautés de son génie. Laharpe, dit un de ses contemporains, a beaucoup plus d’esprit que de connaissances, beaucoup moins d’esprit que de talent, et beaucoup moins d’imagination que de goût ; mais il sait parfaitement Racine et Voltaire ; et quoiqu’il n’ait pas encore justifié toutes les espérances qu’on avait pu concevoir de l’auteur de Warwick, c’est encore le meilleur élève qui soit sorti de l’école de Ferney. Il est malheureux que les circonstances