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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/23

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théâtre, même une harpe. La police défendit cette allusion personnelle, mais le parterre redemanda la harpe, et il fallut la jeter avec le reste dans l’abîme.

Malgré l’accueil froid qu’avaient reçu la plupart des tragédies de Laharpe, il ne craignit pas de les rassembler et de les faire paraître. Dans la préface du premier volume, il prédit la décadence du théâtre, et ne trouve que deux moyens de la prévenir. Ces moyens sont l’érection d’un second théâtre français, et la substitution d’un parterre assis à un parterre debout. Il a fallu du temps pour que deux moyens si simples fussent essayés. L’expérience a prouvé qu’ils ne suffisent pas pour prévenir la décadence de l’art dramatique ; cependant on s’est convaincu de leur utilité, et sous ce rapport, on a dû souhaiter que les vœux de Laharpe eussent été exaucés plus tôt. Il avait fait réellement des démarches, de concert avec d’autres auteurs dramatiques, pour faire asseoir le parterre ; mais dans ce temps le gouvernement, ou plutôt la cour, se mêlait de tout, et la moindre réforme, la moindre amélioration qu’il s’agissait d’obtenir, ne concernât-elle que des banquettes, mettait en jeu les intrigues de quelques courtisans désœuvrés. La sollicitation des auteurs dramatiques parut être un sujet trop grave pour qu’on pût se décider légèrement ; et de peur de compromettre je ne sais quels intérêts, on laissa les choses comme elles étaient : les gentilshommes de la chambre étaient assis dans les loges ; ils n’étaient pas pressés de faire asseoir les gens du parterre.

En 1782, Laharpe composa pour l’ouverture de la salle de l’Odéon, une pièce allégorique intitulée Molière à la nouvelle salle, ou les Audiences de Tha-