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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/248

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La fameuse montagne de Teide, qu’on nomme communément le pic de Ténériffe, cause une égale admiration de près ou dans l’éloignement. Elle étend sa base jusqu’à Garachico, d’où l’on compte deux journées et demie de chemin jusqu’au sommet. Quoiqu’elle paraisse se terminer en pointe fort aiguë, comme un pain de sucre, avec lequel elle a d’ailleurs beaucoup de ressemblance, elle est plate néanmoins à l’extrémité, dans l’étendue de plus d’un arpent. Le centre de cet espace est un gouffre. On peut y monter pendant un mille sur des mules ou sur des ânes ; mais il faut continuer le voyage à pied avec de grandes difficultés. Chacun est obligé de porter ses provisions de vivres.

Toute la partie d’en haut est ouverte et stérile, sans aucune apparence d’arbre et de buisson. Il en sort du côté du sud plusieurs ruisseaux de soufre qui descendent dans la région de la neige : aussi paraît-elle entremêlée, dans plusieurs endroits, de veines de soufre. Si l’on jette une pierre dans le gouffre, elle y retentit comme un vaisseau creux de cuivre contre lequel on frapperait avec un marteau d’une prodigieuse grosseur ; aussi les Espagnols lui ont-ils donné le nom de chaudron du diable. Mais les naturels de l’île étaient persuadés sérieusement que c’est l’enfer, et que les âmes des méchans y faisaient leur séjour pour être tourmentées sans cesse ; tandis que celles des bons habitaient l’agréable vallée où l’on a bâti la ville de La-